Punk-noz à l'INSA
Si vous êtes un amoureux de musique traditionnelle bretonne, de danse, de punk rock, d’électro et surtout de joyeux bordel à l’ancienne, alors c’est au Foyer de l’INSA (Rennes) qu’il fallait être ce mercredi 9 mai ! Super fest-noz de mise en bouche organisé dans le cadre du festival étudiant désormais cinquantenaire Rock’n Solex sur le campus de Beaulieu. Pour le public sont mis en place un stand de galettes-saucisses au profit d'une asso et un bar.

Les petits jeunes de C’harr Nij ont ouvert la danse avec accordéon, piano, guitare et trompette. Très bon quatuor que l’on ne sent pas vraiment à l’aise sur scène, mais qui commence à se détendre après quelques chansons. Un groupe à recommander sur des fest-noz, ils sont techniquement impeccables, mais manquent de scène pour être franchement à fond.
Puis c’est au tour de Zoñj de prendre place sur scène. Que dire... On franchit une étape tant au niveau sonore qu’au niveau de l’ambiance générale de la salle. Ajoutez à cela une démonstration de Gouren (lutte bretonne), et l’on passe d’un simple fest-noz à une scène de taverne animée. Le violon, porté par Elouan, donne le ton et l’énergie du groupe. Cette puissance est appuyé par la gratte de Liam au son plus lourd que le veut la tradition (on approuve d’ailleurs) et la touche de raffinement de Baptiste à la flûte traversière. Vous l’aurez compris, Zonj ça rime avec gavotte, rond Saint-Vincent et petits doigts musclés !

Arrive rapidement la nuit, mais il est alors inimaginable de suivre l’exemple du soleil et d’aller se coucher. Pourquoi ? Ben parce que TekMao. Du trad-techno mêlant biniou, bombarde et DJ, le résultat est aussi surprenant qu’efficace ! Les agités commencent à headbanger devant la scène alors que les danseurs continuent à… danser (champion le mec qu’a écrit cet article).
Bref avec un son aussi entraînant on a déjà l’impression de rejoindre la tête d’affiche.

Et quelle tête ! Plus besoin de présenter Loran, Gwenaël, Éric et Richard : les Ramoneurs de Menhirs débarquent dans le petit foyer de l’INSA et ramonent à merveille ! Fini de manger de la gavotte, l’esprit punk s’éveille, le pogo remplace les rondes, et tout le monde se prend au jeu.

Scène éteinte mais animée par un public hyper chaud, Loran arrive seul, accorde sa gratte l’air de rien, balance quelques notes à destination de Laurent le régisseur à crête, et chaque coup de médiator déclenche des vagues de hurlements d’une salle comble pour qui, à 0:15 la soirée ne fait que commencer.

Si un mot pouvait décrire l’ambiance d’un concert des Ramos ça serait « fédérateur ». La salle est pleine à craquer, mêlant jeunes et moins jeunes, des origines diverses et variées, et hommes comme femmes foncent dans le tas au son des riffs de Loran. Tout le monde se rassemble sous la bannière libertaire du groupe. Dédicaces à la ZAD la plus célèbre de France, à la communauté LGBTQI, aux peuples nomades du monde entier, à la Palestine, aux enfants de la guerre comme à Gaza ou en Syrie... une ode à la liberté et à l’anarchie.
Et de la bière, partout de la bière ! Par terre, de la bière, douches de bière, au plafond, de la bière, sur scène et parmi les agités, devinez quoi ? De la bière !

Avec cette chaleur notre petite équipe décide de sortir prendre l’air deux minutes. À peine avions-nous mis un pied dehors que soudain résonnent les premières notes de Vive le Feu. Tant pis pour la pause, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire notre photographe préféré était retourné au milieu des agités pour prendre des photos et des coups de pieds en glissant sur des flaques de binouze au passage, mais toujours avec le sourire !

Bella Ciao, Viva la Revolution, la fameuse Blanche Hermine et le loup de Menez Daou (AOUH AOUUUUH !), Marijanig, Fuck the System des XS, et évidemment Porcherie des Bérus fusionné au Chant des Partisans viennent rappeler qu’on est bien en terre punk, là où les sorcières dansent main dans la main avec touaregs, indiens, pirates et autres chamanes autour d’un feu, sacrifient une télé à des divinités païennes et font un fuck à l’Oncle Sam.

Aussi énergique que son public déchaîné après 2h de show le quatuor remercie abondamment la foule, tous les bénévoles et techniciens qui font vivre la musique et l’esprit de la fête. Remerciements chaleureux et acclamations tonitruantes pour leur équipe Erwann, Laurent, Julie, etc. Avec autant de dédicaces et de remerciements, on pourrait penser que le rythme effréné du concert aurait tendance à ralentir, mais bien au contraire, car n’oubliez pas ce mot : fé-dé-ra-teur ! Dès que Loran ouvre la bouche, tout le monde le reprend, scande ses slogans avec une rare ferveur et lui répond en lançant tout et n’importe quoi en l’air (tout et n’importe qui aussi), que ce soit en se pétant la voix, en fonçant dans le tas ou en balançant un reste de pinte en l’air. Les spectateurs ont pu savourer le temps d’une soirée ce qu’est vraiment l’âme de la Bretagne, l’âme des Pirates.


À la prochaine, et salut à toi l’agité !


Live report et photos par Tigroo et Hugo Wache – 09/05/2018
Merci à Julie, Antoine et au staff de la soirée !